La pyramide de Gisèle
Rédigé le 25 juillet 2017
Je prends bien soin de tomber directement dans les clichés pour frapper votre imaginaire, mais quiconque a déjà travaillé dans une grande organisation connaît Gisèle, qui travaille à la comptabilité. Ses tâches sont multiples, passant de l’entrée de données comptables, à payer les fournisseurs, faire les suivis avec les clients et à prendre un café deux-crèmes lors des pauses.
C’est une femme compétente et fière, sur laquelle la comptabilité de maintes entreprises repose. Elle s’affaire, à chaque jour ouvrable, à compiler ce qui est la base de toutes les décisions qui seront prises ensuite grâce à la comptabilité : la donnée. C’est grâce à son travail que nous saurons que nous collectons les comptes clients en 46 jours, que nos dépenses en frais de bureaux ont explosés et que le Directeur des Ventes dépense beaucoup trop en alcool lors des soupers de représentation.
Une représentation idyllique de Gisèle
Dans les entreprises, l’organisation de la donnée prend un temps considérable, aussi bien que nous puissions trouver dans les départements comptables de 4 à 5 Gisèle. Son travail consiste à assurer l’étage inférieur d’une pyramide que j’utilise souvent pour expliquer notre intervention sur un dossier. La voici:
La pyramide de Gisèle (le gag est pour Giseh, pour ceux qui l’ont manqué)
Chacun des étages repose sur les fondations solides de bonnes entrées comptables. C’est un travail coûteux et sans grande valeur immédiate, outre son utilisation future dans les autres étages de la pyramide. Généralement, en terme de temps, plus l’étage est volumineux, plus de ressources et de temps seront passés dans ces activités, sans égard à leur importance.
Évidemment, l’objectif d’un département comptable performant est de renverser cette pyramide. Plus de temps passé à faire de l’analyse, moins à faire de l’entrée de données. Cela semble évident, mais les incitatifs à renverser la pyramide sont contraires aux intérêts des personnes qui y travaillent. Voici en somme ce qui leur est demandé :
- Gérer la nouveauté et de l’inconnu
- Accepter plus de travail maintenant…
- … pour en accomplir moins plus tard (perte d’emploi)
« Une pyramide renversée! Les extra-terrestres peut-être? »
Aussi bien demander à Gisèle de se tirer dans le pied avec sa brocheuse. Cependant, le travail du technicien-comptable est en bonne voie, comme la plupart des métiers cléricaux, de disparaître au profit de l’ordinateur. Déjà, seulement pour la PME, nous sommes capables d’automatiser (ou du moins accélérer) une grande partie de ses tâches à peu de frais. En voici des exemples :
- Entrée de données par OCR (reconnaissance visuelle)
- Intégration des logiciels afin de faire des ponts d’information
- Collections des recevables à travers des systèmes de rappels automatisés
- Paiement des fournisseurs avec des applications intégrées
- Conciliation bancaire d’écritures récurrentes automatiques
- Gestion de la paie informatisée
Pour savoir si vous serez remplacé par une machine:(http://www.npr.org/sections/money/2015/05/21/408234543/will-your-job-be-done-by-a-machine)
Comme l’image ci-dessus l’explique, Gisèle est en voie d’extinction. Son expertise et sa rigueur, qui font d’elle la pierre d’assise de nombreuses organisations, disparaîtront au profit des froids calculs des robots et de l’automatisation des processus. Pour rester pertinente sur le marché, elle devra de plus en plus mettre en valeur d’autres compétences, soit la compréhension des systèmes et des intégrations, son esprit d’analyse, sa connaissance de l’environnement fiscal et sa capacité à s’adapter aux nouvelles réalités. Elle grimpera donc les étages de la pyramide, pour déléguer son ancien travail à l’ordinateur. Cela veut aussi dire que les organisations pourront faire beaucoup plus de chemin avec moins de support administratif, donc moins de coûts.
La comptabilité connait en ce moment des changements colossaux, comme la plupart des industries qui font face à l’informatisation. Le comptable devrait le prendre comme une bénédiction, puisqu’un pan de son métier disparaît et il pourra se concentrer à créer de la valeur pour l’entreprise, et non faire seulement partie des rouages.
Tant mieux lui fasse, parce que de loin, on ne voit toujours que la cime de la pyramide.